Mémoire de pansements
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C 1156
Faits par moi, Dauphin, chirurgien à Dierrey St Père, par ordre de monsieur Thiesset, docteur en médecine, aux personnes qui ont été mordues du loup depuis le 28 décembre 1774 jusqu’au 1er mars 1775.
-28 décembre 1774 : j’ai fait l’amputation d’un doigt à la femme d’Edme Paulin au Mesnil St Loup.
-29 décembre 1774 : j’ai fait plusieurs points de suture à la bouche dudit Edme Paulin, lequel est décédé le 17 janvier suivant dans la furie de la rage pendant laquelle je l’ai saigné trois fois et ai fait l’ouverture de son cadavre en présence de mondit sieur Thiesset.
-20 janvier 1775 : j’ai soigné le fils dudit Paulin, lequel dans la furie de la rage a mangé cinq fois ses cordes et s’est enfui par les champs. Je l’ai rapporté sur mes épaules et l’ai saigné trois fois pendant cinq jours que sa maladie a duré.
-1er février 1775 : j’ai traité Claude Lanneret à Mesnil-Saint-Loup, lequel est mort furieux après quatre jours d’accès pendant lesquels je n’ai pu le quitter ne trouvant ni aide ni secours de personne.
- 23 février : j’ai traité Jean Lanneret pendant trois jours. Je l’ai lié dix fois. Il m’est (sic) échappé furieux. J’ai été forcé de m’enfuir et l’ai saigné trois fois. Il est mort le 25.
-J’ai saigné le nommé Jacques Adenin, de Villadin, une fois dans la folie de la rage et le nommé Claude Vincent cinq fois. Je les ai ensevelis tous, personne n’ayant voulu seulement y toucher.
-Pendant l’intervalle de ce temps, j’ai été moi-même attaqué trois fois de maladie et je me suis saigné deux fois.
-Pendant la quarantaine, j’ai été absent de chez moi étant obligé de coucher tant à Villadin, Faux, Pâlis et Mesnil pour panser les plaies des malades et leur distribuer les remèdes donnés par M le docteur.
Suivent 12 signatures dont celles de Noël, procureur fiscal de Villadin, Lupien Daoust, syndic, Voisin, curé, Bonnaire, curé de Mesnil, Dié, curé de Pâlis, Goubaut, curé de Faux et Jagaut de Longchamp, curé de Dierrey. Ce dernier, dans un ajout de sa main daté du 21 mars 1775, certifie que le chirurgien « est tombé dans une maladie très dangereuse qui l’a conduit à l’extrémité et lui a fait perdre son état ». Il lui a administré les sacrements de l’eucharistie et de l’extrême-onction.