Saint Loup de Sens (576-623)
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Né à Orléans. Élu archevêque de Sens en 609, il tint tête au roi mérovingien Clotaire qui l'envoya en exil et finit par lui demander pardon. Il assista en 614 au synode de Paris et mourut en 623. Il fut inhumé sous la gouttière du monastère de Sainte Colombe de Sens.
La Légende Dorée lui attribue plusieurs miracles. Le roi Clotaire avait fait enlever la cloche de Saint Étienne de Sens pour la transporter à Notre~Dame de Paris; mais saint Loup la rendit muette, de sorte qu'il fallut la renvoyer à Sens. Il enferma dans un pot le diable qui voulait le tenter. A sa prière, la porte de la basilique Saint-Aignan d'Orléans s'ouvrit toute grande.
Pendant que Saint Loup célébrait la messe, une pierre précieuse tomba du ciel dans son calice (lapsa est coelitus gemma in ejus calicem).
Certaines villes se prévalent aussi d'un autre Saint Loup que les personnages historiques de Saint Loup de Troyes ou de Sens.
Citons, par exemples de Saint Loup de Chalon-sur-Saône, Saint Loup de Soissons, Saint Loup de Bayeux ou encore Saint Loup de Limoges;
Nous retrouvons parfois d'étranges similitudes et rapprochements entre certains Saint Loup locaux et les Saint Loup de Troyes ou de Sens.
Face à un Saint Loup local, non affilié à Saint Loup de Sens ou de Troyes, nous pouvons seulement émettre trois hypothèses suivantes:
1) l'hypothèse de la véracité historique. Loup étant un nom relativement courant au Moyen Age, il est possible aussi qu'un saint homme ait, localement, porté ce nom. Tels furent les cas de Saint Loup de Soissons (voir le lien); de Saint Loup de Bergame, fêté le 9 juin (Seigneur de Bergame au VIIIe siècle; mari de sainte Adélaïde et père de sainte Grata); de Saint Loup de Ferrières (Abbé de Ferrières en Gâtinais, né vers 805, mort en 882. Il assista en 853 au Concile de Soissons).
2) l'hypothèse de localités s'étant prévalues de Saint Loup. Elles auraient alors adopté et adapté Saint Loup de Troyes ou de Sens comme Saint Patron. Il est intéressant, par exemple, de suivre l'itinéraire de Saint Loup de Troyes. S'accaparer les pouvoirs bénéfiques d'un Saint était chose courante au Moyen Age, surtout par l'entremise du transfert ou du trafic de reliques. D'autre part, le culte de Saint Loup et les pèlerinages qui y étaient associés, devaient évidemment faire l'objet d'un enjeu politico-économique non négligeable.
3) l'hypothèse selon laquelle le Saint Loup local était, à l'origine, affilié effectivement à Saint Loup de Troyes ou de Sens. Une émancipation consciente ou inconsciente se serait produite par rapport au Saint Patron d'origine avec le développement d'histoires spécifiques et de variantes de Légendes. Des circonstances politiques peuvent ainsi expliquer la rupture du Saint Loup d'avec leur origine. Pour ce qui est des Saint Loup de l'Ouest de la France, les revirements d'alliances du XIIème siècle pourraient expliquer la difficulté de retrouver une filiation. Il faut dans ce cas se concentrer sur le contexte politique. Dans cet esprit, une mise en correspondance entre Saint Loup de Limoges et celui de Sens pose la problématique.
De fait, une telle concentration d'homonymies reste, avant tout, révélatrice du prestige considérable de l'image de Saint Loup au Moyen Age.